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Des agriculteurs pessimistes malgré les opportunités et les innovations

ryan-graybill-MNp1vbopkKc-unsplash Photographie par Ryan Graybill

Interrogés par l’Ipsos* pour Agri Avis**, les agriculteurs français se confient sur leur situation après une année de crise. Malgré leur volonté d’implication dans la transition agroécologique, un certain pessimisme demeure.

Le moral replonge après un regain d’optimisme en 2020

La crise sanitaire a permis une meilleure reconnaissance du métier d’agriculteur en remettant l’alimentation au centre des préoccupations nationales. Néanmoins, cette meilleure visibilité n’a pas suffi à maintenir le moral des exploitants. Alors qu’ils étaient 40 % de pessimiste en mai 2020, ils sont une année plus tard 54 % à être préoccupés par le contexte actuel. Un pessimisme plus marqué auprès des jeunes agriculteurs et des grandes cultures (60 % des moins de 45 ans et 62 % des exploitations en grandes cultures). La taille des exploitations ne semble pas influer sur le moral, au plus bas depuis 2017 (46 % d’agriculteurs pessimistes).

Des revendications d’ordre économique

Les raisons du pessimisme sont multiples, mais majoritairement d’ordre économique et financier. Face à l’augmentation des charges fixes et la baisse des prix de vente des matières premières, les agriculteurs voient leurs revenus diminués. Chez les jeunes exploitants, l’état de la trésorerie et les rendements suscitent plus d’inquiétude que chez les plus âgées. Les contraintes administratives et les réglementations préoccupent également deux agriculteurs sur trois. Selon un agriculteur les arrêtés français et européens : « empêchent d’être compétitifs agronomiquement et financièrement. Les normes et règles trop technocratiques trop décalées du terrain conduisent à des règles contre-productives ». La réforme de la PAC prévue pour 2023, inquiète notamment les grandes exploitations (83 % des interrogées).

Vers une remise en cause de son modèle

Les agriculteurs se tiennent informés des opportunités et des mesures de soutien proposées, notamment lorsqu’elles sont locales ou nationales. Plus de 90 % des personnes interrogées s’étaient informés ou avaient entendu parler des mesures testées lors du sondage. Parmi celles-ci les mesures qui visent à la promotion des produits Fabriqués en France, et à la valorisation des filières et du savoir-faire sont les plus plébiscitées.

«Pragmatiques et reléguant à un second plan les politiques et les “totems’, leurs priorités sont centrées sur une meilleure valorisation de l’origine France, la performance des filières et des labels ou marques pour le faire-savoir». Renaud Loesel

Mesures citées comme pertinentes pour l’agriculture française :
- Le « made in France » (Fabriqué en France)
- La structuration et le développement de filières performantes
- Les marques promouvant le soutien de l’agriculture
- Le développement de labels de production agricole certifiés
- La vente directe ou en circuit court
- La décarbonation
- L’aide aux investissements face aux aléas climatiques
- Le plan protéines végétales
- Les technologies de l’agriculture de précision

Le profil des agriculteurs influe sur leurs affinités vis-à-vis de ces mesures : chez les éleveurs la décarbonation et le développement des filières de qualité (au global 20 % de différence avec les cultivateurs). Plus difficiles à mettre en place au sein d’exploitations de plus de 120 hectares, la vente en direct et la transition écologique sont privilégiées par les petites exploitations. Chez les moins de 45 ans, l’agriculture de précision est la mesure la plus citée (83 % chez les jeunes contre 35 % chez les plus de 45 ans).

Néanmoins, l’intérêt des crédits carbone reste encore mal compris par les agriculteurs. Ils sont moins de 10 % à spontanément citer le développement de nouvelles approches (enjeu carbone, nouvelles filières, nouvelles pratiques, etc.) comme une de leurs attentes. Elles restent pour 69 % d’entre eux économiques et financières (revalorisation des prix, distribution des aides plus justes et plus significatifs). L’amélioration de l’image de l’agriculture demeure également prégnante pour les grandes cultures (23 % des interrogées).

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