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"L'agriculture urbaine : un levier pour des villes plus fertiles et solidaires"

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Lucile Delorme travaille dans l’agriculture urbaine depuis la fin de sa formation, en 2019. Elle a été salariée du bureau d'études Cueillette urbaine, avant de décider de lancer son activité de micromaraichage dans la métropole lyonnaise, à Francheville,  le Courtir de Lucille. Elle vien être élue présidente de l'Afaup et nous présente les ambitions et l'actualité du réseau. 

Quels sont vos projets et ambitions pour l'organisation ?

Cela fait déjà plusieurs années que je suis au conseil d'administration de l'AFAUP.  J’ai eu envie de m’impliquer encore plus pour continuer à faire grandir l’association, à porter la voix de nos adhérent.es et travailler avec une très belle équipe d’administrateur.ices et de salarié.es. Notre ambition, c’est de faire de l’agriculture urbaine un levier incontournable pour rendre nos villes plus durables, plus fertiles et plus solidaires. En plus de l’animation du réseau des professionnel.les qui reste notre ADN, nous souhaitons étendre nos actions aux collectivités. Elles ont un rôle essentiel à jouer dans le développement de l’agriculture urbaine. C’est pour cette raison que nous avons lancé il y a un an, le Réseau des Acteurs Engagés, le 1er réseau de collectivités dédié à l’agriculture urbaine. En parallèle, nous avons décidé de nous engager sur des actions de plaidoyer. En effet, il est temps de faire entendre notre voix auprès des décideur.euses politiques, de les convaincre de la pertinence des propositions que nous portons et de les accompagner dans leur mise en œuvre.

 Malgré des échecs, quelle ligne de mire pour les acteurs de l'agriculture urbaine proposez-vous  ?

L’observatoire de l’agriculture urbaine et des jardins collectifs que nous avons lancé il y a 2 ans nous donne déjà pas mal d’informations à ce sujet. L’agriculture urbaine reste un secteur dynamique avec de nombreux projets qui émergent, avec de plus en plus de collectivités qui portent des initiatives. Concernant les échecs, oui, il y en a comme dans tout secteur émergent. Mais quand on parle des échecs, il est important d’apporter des nuances pour avoir une vision plus juste des choses. Ceux qui connaissent le plus de difficultés sont les maraicher.ères qui vivent principalement de la vente de leur production. Notre soutien aux professionnels de cette filière se fait par l'apport de données sur la production et les techniques mises en oeuvre, le mise en avant de leurs pratiques, mais surtout une mise en relation via des canaux d'échange, des rencontres, des discussions...  A côté, les fermes urbaines participatives, les animateurs de fermes et jardins, les concepteurs s’en sortent très bien et nous rendent optimistes ! On a vu à quel point le dispositif Quartiers Fertiles portés par l’ANRU avait été structurant pour le secteur. Pour le moment, aucun dispositif similaire n’a été annoncé pour prendre le relais. Il est important que l’Etat poursuive les efforts entamés.

Quelles sont vos événements à venir et dates clefs ?

L’actualité à très court terme, c’est le festival des 48h de l’agriculture urbaine qui aura lieu dans 35 villes en France et en Europe ! Cela fait la 3ème année que nous l’organisons et il permet de mettre en lumière l’incroyable diversité de l’agriculture urbaine auprès des citoyen.nnes, ce qui est important pour nous. Cette année, nous avons le bonheur d’avoir Jean-Martin Fortier comme parrain des 48h. C’est une marque de reconnaissance et un excellent signe pour le devenir du festival. J’invite tous les lecteurs à aller voir la programmation sur le site des 48h : ils retrouveront les plus de 1000 événements organisés par les 400 associations participantes ! Pour le reste de l'année, nous continuerons de travailler sur plusieurs  chantiers de réflexion qui permettront à notre réseau de se développer, se renforcer et s'affirmer. 

La microferme, le Courtir de Lucille
La ferme est la propriété de l'association « Le Châtelard » sur un parc de 40 hectares. Le Courtil de Lucile est situé sur le versant ouest, à l’orée du bois. Lucile mesure sa chance d'avoir trouvé un terrain de 7000 m2 en ville autour de Lyon, suite à un appel à projets l’année dernière. Le domaine du Châtelard est devenu écocentre spirituel et cherche des porteurs d'initiatives cohérentes avec la vision défendue.  En tant qu’écocentre, le Châtelard offre un cadre idéal pour écouler ses légumes, fleurs et  aromates. Le projet prend forme, depuis son installation en septembre dernier. Cela demande une grande énergie folle de la part de la jeune agricultrice, d’autant que les démarches administratives s’apparentent bien souvent à une course d’obstacle, et a réussi à être affiliée à la MSA. Aujourd’hui, elle est d’ailleurs la seule agricultrice de Francheville. Les papiers ont très longs et très lourds à remplir. Son interlocuteur au Bureau technique des maraîchers de la Chambre d'agriculture lui a conseillé, quand il est venu visiter son terrain  de ne  surtout pas rester seule. Et Lucille reconnaît qu' "il a vraiment raison". Il y a beaucoup de moments où on peut se décourager. Certaines procédures sont tellement absurdes : par exemple, on ne peut pas obtenir l’aide supplémentaire attribuée au bio dans le DGA (dispositif jeune agriculteur) si on a déjà entamé la demande de labellisation. 
 
Propos recueillis par Claire Nioncel

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