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One health : de la santé des sols à celle des hommes

 


Bleu-Blanc-Cœur, avec le support scientifique INRAE et de Valorex, observe de près les liens que tissent les bactéries du sol avec nos plantes, les plantes avec nos organes en les nourrissant, et comment les organismes que nous sommes peuvent interagir à l’échelle d’un territoire afin de créer un modèle agricole sain et durable.

 

C’est le résultat de ces observations qui ont été présentées le 23 juin lors de la première partie du Congrès virtuel One Health. Comme l’a souligné Philippe Mauguin, président de INRAE, pour introduire cette émission, le contexte écologique et sanitaire actuel nous pousse à réactualiser les objectifs scientifiques dans une logique pluridisciplinaire. Les experts doivent travailler main dans la main mais aussi avoir l’opportunité de communiquer afin de construire une grande chaîne vertueuse de valeur entre pensées globales, mesures scientifiques et actions locales sur le terrain.

 

Du grabuge dans les sols


One Health (pour santé unique, globale), c’est appréhender notre santé à différentes échelles et selon différentes perspectives. C’est d’abord observer comment les sols peuvent être une ressource bénéfique à l’échelle d’une plante mais aussi d’une population.

Marc-André Selosse, professeur de microbiologie des sols au Museum d’histoire naturelle,  explique en effet que le sol est bien un matériau vivant avec une hyperdiversité de microorganismes. Tout ce beau monde permet d’extraire et rendre disponible la matière organique (carbone, azote) et minérale (phosphate, potassium…) de la nature afin qu’elle puisse être captée par les plantes qui nous nourrissent. Certains microorganismes du sol stimulent même le système immunitaire des racines de façon similaire au microbiote intestinal de l’Homme.

D’ailleurs Arnaud Daguin, porte-parole de l’association Pour une Agriculture du Vivant (PADV), souligne que la biodiversité des sols est le moteur de la fertilité dont nous avons besoin pour produire des aliments de qualité ; c’est-à-dire avec de la densité nutritionnelle pour amener à l’Homme à la fois plaisir et santé dans l’assiette.

Mais il se trouve que les sols ont été appauvris par des pratiques trop intensives et, en l’état actuel, ils peuvent aller jusqu’à jouer un rôle néfaste dans le réchauffement climatique en libérant notamment plus de gaz à effets de serre. D’ailleurs Roosevelt avait justement déclaré 3une nation qui détruit ses sols se détruit elle-même3, et c’est ce qui nous guette si nous ne changeons pas notre façon de produire.

 

Importance des légumineuses

 

Laurent Rosse de Terres Univia et Jacques Pasquier du CESE (Conseil économique social et environnemental) insistent de leur côté sur  l’importance de l’allongement et l’amélioration des rotations de culture et la nécessité d’y introduire des légumineuses afin d’optimiser la santé des sols, des plantes et de l’ensemble des dispositifs agricoles.

Il faudrait aussi mieux caractériser les impacts environnementaux de nos systèmes actuels afin de favoriser des pratiques plus vertueuses à l’avenir. Les légumineuses sont au cœur des débats car elles permettent de limiter la quantité d’énergies fossiles mises en jeu dans les cultures.

 


Savoir battre la mesure


Des experts s’interrogent justement sur les différentes façons d’observer l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement. Vincent Colomb, de l’ADEME (Agence de la transition écologique) et Guillaume Mairesse (Valorex),  présentent l’outil AgriBalyse® qui s’intéresse aux différents impacts environnementaux (Réchauffement climatique…) des produits alimentaires.

L’objectif est de dresser un inventaire des cycles de vie des aliments selon la façon dont ils ont été produits afin d’identifier quelles pratiques agricoles sont les plus durables. Des mesures sont effectuées de la production à la ferme jusqu’à la cuisson par le consommateur.

Le choix des sources alimentaires est cité comme un critère important dans les exploitations animales. Par exemple on peut observer une vraie marge de progression entre l’impact d’un œuf produit de façon conventionnelle ou selon le modèle Bleu-Blanc-Cœur, grâce notamment à la limitation de l’utilisation de soja d’importation comme source alimentaire pour les poules.

 

Et si inflammation et immunité commençaient dans les sols ?


Plus de diversité dans les sols et dans l’auge des animaux c’est apporter aussi plus de diversité nutritionnelle dans nos assiettes. Dans les cahiers des ressources Bleu-Blanc-Cœur il y a prise en compte de cette diversité et de cette densité que l’on mesure dans les produits finis. Une bonne alimentation est un trésor de prévention et là encore cela se mesure.

Différentes études cliniques menées sur l’impact d’un menu Bleu-Blanc-Cœur sur différentes maladies (diabète, obésité) ont vu le jour depuis les débuts de l’association, confortant les bénéfices que peut jouer notre alimentation sur la prévention de telles pathologies dites à inflammation de bas grade. Mais la façon dont nous mangeons affecte aussi notre système immunitaire et donc la façon dont nous pouvons nous défendre contre des pathogènes extérieurs tels que le virus COVID-19.

 

La linette, pour qui et pour quoi


Dans ce contexte, Pr. Ronan Thibault, chef du service de nutrition du CHU de Rennes et directeur de recherche à l’INSERM,  présente le dernier projet d’étude clinique dont Bleu-Blanc-Cœur est partenaire : il s’agit de supplémenter en omega 3 des patients récemment diagnostiqués COVID-19, notamment avec un aliment Bleu-Blanc-Cœur (la Linette®), et de mesurer la durée des symptômes, le retour à l’état de santé, le taux d’hospitalisation, d’admission en réanimation…

L’hypothèse de cette étude randomisée en double aveugle est la suivante : Ce n’est pas l’infection virale qui tue les patients COVID en réanimation, mais une hyper-inflammation (orage cytokinique) – L’inflammation a deux phases : La phase de flux gérée par les Omega 6 et la phase de reflux gérée par les Omega 3 – 98% de la population Française ne couvre pas les apports conseillés en Omega 3, donc le reflux ne se fait pas.

Utilisés en nutrition entérale à forte dose, les Omega 3 réduisent la mortalité des patients en réanimation pour SDRA (Syndrome de détresse respiratoire aigüe) de 36% – Il est donc très probable qu’une supplémentation en Omega 3 a des doses à mi-chemin entre dose pharmacologique et dose nutritionnelle produise des résultats forts, là où vaccins et médicaments se sont révélés inefficaces. L’hypothèse est que les omega 3 permettraient de limiter l’évolution de la maladie vers des formes plus graves avec détresse respiratoire.

 

Informations supplémentaires sur cette première étude clinique mondiale sur l’impact de la nutrition en prévention du Covid-19

 

Quel lien entre sols et santé ?


Une meilleure densité nutritionnelle dans notre alimentation, passant par une meilleure qualité de nos sols, nous permet d’améliorer la santé de l’Homme et, ce congrès One Health, nous montre bien que nous sommes en train d’apprendre tous ensemble à le mesurer.

Ce lien entre sols et santé nous projette vers de fortes perspectives d’évolution de nos systèmes agricoles s’articulant plus autour de pratiques locales avec rémunération des bénéfices environnementaux. Il faut non seulement susciter le changement par l’exemplarité comme le souligne Jean-Pierre Pasquet, producteur laitier et co-président de Bleu-Blanc-Cœur, mais aussi décloisonner les acteurs et éduquer, communiquer sur l’importance des enjeux. Les problèmes culturaux sont (presque) derrière nous mais nous laissent aujourd’hui des défis d’ordre culturel.


Il reste deux sessions au congrès One Health 2020, les 30 juin et 7 juillet 2020.

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