By Agri-City on lundi 27 avril 2020
Category: High-tech & innovation

De l'intérêt de la culture en environnement contrôlé : diversité, goût, santé

Julie Bounan -Haoudji business unit manager chez InVivo Food&Tech nous livre ses rélexions sur l'intérêt de la culture "indoor", au regard de la crise sanitaire et de notre souci de trouver des produits gouteux, sains, et bons pour notre santé. Analyse du développement de cette forme de culture, en lien avec la recherche  et d' un besoin de naturalité de la part du consommateur.

"Nous sommes tous spectateurs et acteurs du grand retour de la naturalité en cuisine et de la suprématie des produits bruts, de qualité ou bio, peu transformés avec des classifications dédiées et même des applications  pour guider nos choix alimentaires. L’alimentation fait plus que jamais partie intégrante d’un projet de vie et il n’est plus rare d’afficher ses "couleurs alimentaires" sur les réseaux sociaux à la manière d’un selfie. Ne dit-on pas "dis-moi ce que tu manges je te dirai qui tu es¹ ?" Si l’on part du principe que notre alimentation est le reflet de notre âme, et nous le voyons bien en période de confinement, elle est également notre première médecine d’où l’intérêt d’en prendre soin.

Consommer local est devenu un graal pour beaoucoup d'urbains

Cette recherche d’authenticité passe aussi par l’augmentation de la consommation alimentaire en circuits courts ou de proximité ². Consommer à l’échelle locale est devenu un Graal pour nombre d’urbains en mal de vert... Ces mêmes urbains, qui il ne faut pas l’oublier, représenteront 70 % de la population mondiale en 2050³. Cependant cet « idéal » de consommation peut s’avérer plus contraignant à l’usage pour un bon nombre de consommateurs. En effet, manger bon, sain et local peut paraître « moins pratique » et surtout moins varié. 

Moins pratique car cela nécessite souvent un approvisionnement éclaté en plusieurs lieux de vente. Cela demande également une gestion différente en cuisine (pour préparer, pour cuisiner, pour conserver...). Moins varié, car il faut se satisfaire des arrivées « saisonnières » sans compter sur l’ananas du Costa Rica ou l’avocat bio du Pérou pour égayer nos repas. Il n'est pas si simple finalement de mettre nos convictions en pratique !

Une alimentation plus végétale 

Alors comment manger varié, goûteux, local et sain à l’avenir sans avoir le goût amer de la frustration et surtout pouvoir s’y tenir sans trop d’entorses ? Nous savons d’ores et déjà qu’il faudra manger moins de protéines animales pour nourrir les 2,3 milliards de personnes supplémentaires en 2050³. L’alimentation sera donc plus végétale. Et le goût dans tout cela ? Serons-nous prêts à manger une salade ou des lentilles de plus au nom d’un équilibre alimentaire de proximité ? Rien n’est moins sûr.

A l’avenir, l’utilisation du climat contrôlé en ville ou en péri-urbanité peut représenter une alternative intéressante pour enrichir nos régimes alimentaires et satisfaire nos papilles grâce à des productions végétales locales inédites prêtes à consommer. Ce type de production qui permet également une grande traçabilité et réduit voire supprime l'utilisation des pesticides trouvera facilement sa place dans l’histoire alimentaire des consommateurs.

Nouvelles variétes et diversification de la production

La maîtrise des cultures végétales en climat contrôlé permettra d’apporter des sources végétales complémentaires au maraîchage traditionnel de proximité en proposant d’autres types de cultures d’intérêt. Par exemple des légumes qui ne sont plus consommés aujourd’hui car leur culture est trop contraignante, des légumes fragiles, à faible rendement (en plein champ) ou difficiles à conserver ; des légumes consommés traditionnellement ailleurs sur le globe, des végétaux aquatiques, des micro-algues...

On peut également penser à la culture des fleurs comestibles. Très largement utilisées dans la cuisine médiévale pour leur profil odorant, gustatif, nutritionnel mais également leurs propriétés médicinales, elles ont été oubliées et réservées à une élite adepte de la cueillette. Que ce soit pour leur intérêt gustatif, nutritionnel et si on pousse un peu plus loin leurs molécules d’intérêt pour la cosmétologie ou la médecine, les fleurs représentent aussi une des voies à explorer plus largement en climat contrôlé.

Cultiver en climat contrôlé demain permettra donc l’accès à une plus grande variété de productions végétales locales, de qualité et à haute valeur ajouté pour plus d’expériences gustatives durables dans l’assiette du consommateur éclairé. De l’exotisme à faible empreinte carbone, voilà qui ouvre le « champ » des possibles.


1Kantar Worldpanel

2FAO  et Statista

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